lundi 14 février 2011

Ressentis sur mon travail

J’ai mis du temps à vous parler de mon travail….au début c’était compliqué parce que je découvrais, redécouvrais, j’observais, et puis après, c’était aussi une période pas simple, parce que je n’avais pas encore bien ma place, je passais beaucoup de moments où j’étais très heureuse, avec une super énergie parce que j’avais l’impression d’être vraiment dans le travail avec mes collègues, de percevoir là où on pouvait aller, de pouvoir vraiment communiquer et se comprendre, à des moments d’abattements complets, où toute mon énergie retombait, une espèce de désespoir montait, parce qu’en fait, je me rendais compte que ce que j’avais dit n’avait pas du tout été compris, qu’on n’était pas sur la même longueur d’onde, qu’on ne comprenait pas ma place ici, que je ne comprenais pas pourquoi ils fonctionnaient comme ça…
Ces émotions yoyo, d’un jour à l’autre, d’une heure à l’autre étaient très éprouvantes. Ca m’a fait vraiment du bien en discutant avec d’autres volontaires de voir que c’était normal et que ça allait durer, que vivre et travailler dans une autre culture, dans d’autres langues, et bien vraiment ça désaxe, ça réaxe aussi, parce qu’on se retrouve vraiment face à soi-même, dans ses bons et mauvais côtés…c’est bouleversant. Au niveau de mon travail, ça me pousse à vraiment réfléchir autrement, percevoir les relations entres les gens de façon différente, les gestes, les émotions, la manière d’être, le langage du corps, être patiente (sacré challenge!!), trouver de nouveaux outils…
Mais quand même à chaque fois je garde espoir, et c’est ça qui fait tenir, c’est jamais un abattement complet (pour l’instant !). C’est un abattement éprouvant, mais ça relance la machine, ça permet de s’ouvrir dans la réflexion, de comprendre certains éléments de la culture, de s’adapter, et de repartir avec de nouvelles idées, une nouvelle énergie.
Là maintenant, ces émotions sont moins fortes ou moins régulières, j’ai trouvé un certain rythme, je sens que j’ai un peu plus ma place. Et puis quand je sens cet abattement, je me sens familière avec lui, je le connais, je sais qu’il va passer. Du coup, je le vis de manière plus apaisée, tranquille. Mais je sens que cela se traduit plus dans ma fatigue, et en ce moment dans un grand besoin régulier d’être seule.
Je suis maintenant dans une période où je me sens un peu plus à l’aise au niveau de la langue, je comprends plus de choses. Les relations avec mes collègues se tissent et je pense que je perçois mieux qu’au début le contexte dans lequel je travaille…et la question qui arrive, c’est quoi proposer. Et oui, je me rends compte que mes outils et repères habituels ne sont pas toujours bien adaptés ici, qu’il faut réinventer, réadapter, et….en ce moment, je suis face au manque d’idées, au blanc, et au stress de me dire, il faut que je propose quelque chose, je ne sais pas quoi, c’est pas construit…surtout quand je travaille avec les ados. Remise en question, sentiment d’incompétence….C’est normal, je sais, c’est normal, période creuse nécessaire qui va passer, les idées vont arriver, il faut que ça mature, que ça fasse son chemin. Et puis il faut être disponible psychiquement aussi. Je crois que je ne l’étais plus trop. Trop fatiguée, plus d’énergie. Besoin de faire une pause. Bon elle a été un peu loupée, parce que je suis tombée malade (tiens bizarre, tomber malade quand on lâche la pression !!!). Mais quand même ça m’a fait du bien, et j’essaye de me préserver. Je crois que je vais me refaire un week-end long bientôt et partir m’isoler. Je le ressens comme un vrai besoin. Une ressource.

C’est curieux, parce que parfois j’ai l’impression d’être pour moi-même un objet d’étude. Quand on vit en « expatriation », il y a des phases. Vers 3-4 mois après le départ, on nous avait dit pendant notre formation au départ que c’est souvent la vallée des larmes. Après l’euphorie et la découverte du début, vient la rencontre avec la réalité du travail, de la vie quotidienne, de la différence culturelle. La perte des repères, la difficulté à se comprendre et parfois travailler ensemble, les questionnements... L’impression d’être submergé, perdu. Et puis le manque de notre culture à nous.
C’est curieux, et ça fait en même temps beaucoup de bien, de me dire ah tiens, je ressens ça en ce moment, ça correspond peut-être à cette phase, parce que ça veut dire que c’est une étape normale, un passage vers autre chose. Je vais en sortir !

Et puis ce qui me fait beaucoup de bien, ce qui m’aide énormément, c’est ma supervision tous les 15 quinze via Skype avec mes 2 ethnopsychologues du CREFI. Elles m’aident à prendre du recul sur ce que je vis, à analyser de façon différente les problèmes auxquelles je me trouve confrontée, au niveau culturel, à comprendre le sens de certains codes ou comportements, comprendre comment fonctionnent les relations entre les gens, les systèmes d’hiérarchie, les différentes étapes de la vie…., comment travailler, comment faire ma place, comment me resituer en tant que psychomotricienne, quelle phase je traverse. C’est une vraie ressource, j’ai l’impression de parler avec des personnes qui ont le même langage que moi et d’être comprise, et ça m’éclaire tellement. Vraiment, dans mon métier, en tout cas, je crois que c’est indispensable pour travailler à l’étranger. Enfin c’est déjà indispensable en France, mais à l’étranger, encore plus.

Il minuit pile. La musique s’est arrêtée. Quel calme !
Ici, j’apprécie d’une manière quasi religieuse les moments de calme. Ils sont rares, on vit sans cesse dans un environnement sonore assez fourni, je ne m’en rends pas compte au quotidien. Mais quand ça s’arrête, là soudain le calme me saute aux yeux, enfin aux oreilles (!!) et j’écoute, et je profite, c’est tellement bon…

Je ne suis pas trop rentrée dans le concret, vous n’en savez toujours pas plus sur ce que je fais réellement à Phare et Komar Rikirey…mais bon vous en savez plus sur mes ressentis.

Prochaine étape : le concret !!!
Bon, je ne vous le promets pas dans la semaine, plus le week-end prochain. Patience, patience !!

Caroline

1 commentaire:

  1. Bonjour CAroline, Je suis partie au Cambodge en vacances et ai adoré ce pays, j'aurai bien aimé partargé ton expérience et savoir comment tu avais réussi à trouver un emploi. Etant moi même psychomotricienne, voici mon email audrey.volpiliere@laposte.net

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